Aujourd’hui, qui décide des tâches à accomplir et de la façon dont elles doivent être à accomplies? Qui définit les objectifs de la société qui est responsable de leur réalisation? Dans ce cas, ce ne sont plus les cadres, mais les équipes. Cette révolution touche tous les membres de la société, du sommet au bas de l’échelle.
Sommaire
- 1 Notion d’équipe
- 2 Obsolescence de la hiérarchie
- 3 Notion et valeur de l’empowerment
- 4 Avantages empowerment
- 5 Classification des équipes
- 6 Le pilier commun : l’information
- 7 L’empowerment : une utopie ?
- 8 Une application : l’empowerment en santé communautaire
- 9 Exemple d’un programme américain
- 10 Conclusion
Notion d’équipe
Qu’est-ce qu’une équipe ? Ce sont deux personnes ou plus qui travaillent ensemble pour atteindre un objectif commun.
Pourquoi des équipes ? Parce qu’elles permettent d’utiliser les connaissances et les ressources de tous les employés – et pas seulement des cadres – pour résoudre les problèmes de la société.
Une équipe bien structurée réunit des employés qui ont différentes fonctions et sont issus de différents niveaux de la société.
Ensemble, les membres de l’équipe sont censés trouver la meilleure approche dans tous les domaines. Les entreprises peuvent comprendre que pour rester compétitives, elles ne peuvent plus compter uniquement sur les cadres pour la réalisation de leurs objectifs. Elles doivent impliquer les employés qui sont confrontés de plus près aux problèmes et entretiennent un contact direct avec les clients. Et ces employés peuvent être ceux qui se trouvent au bas de l’échelle.
C’est ainsi que dans l’entreprise moderne, la connaissance doit primer sur l’ego.
Aucune connaissance n’est supérieure à une autre. Chacun est jugé en fonction de sa contribution à la tâche commune et non en fonction d’une supériorité ou d’une infériorité intrinsèque. Il n’y a donc plus véritablement des supérieurs ni de subalternes, mais simplement des équipes.
Obsolescence de la hiérarchie
La répartition du pouvoir et de l’autorité au sein de l’entreprise a complètement changé.
Nous abandonnons la structure verticale avec de nombreux niveaux entre les cadres supérieurs et les salariés (modèle correspondant à celui de l’armée).
Les grandes sociétés ont fonctionné et fonctionnent encore sur ce modèle rigide. Composées de centaines de milliers d’employés, elles disposent d’une multitude de cadres qui contrôlent le travail des salariés du début à la fin.
Le principal rôle des cadres supérieurs consiste à répartir les tâches, à élaborer des plannings et à contrôler les processus de décision pour s’assurer que les objectifs de la société soient atteints.
Le danger du modèle hiérarchique a été au début des années 90 la réduction du personnel, la plupart étant des cadres moyens. En effet, le principal défaut de ce modèle est le fait que de nombreux cadres participent peu ou trop indirectement à la production de l’entreprise.
Cela a entraîné des conséquences positives en matière de restructuration d’entreprises avec une amélioration de la rapidité de prise de décision, de la communication, de la réduction des coûts salariaux et bien sur un transfert de l’autorité et du pouvoir qui aboutit à une réduction de la compétition improductive.
Notion et valeur de l’empowerment
Ainsi les salariés peuvent obtenir des cadres supérieurs davantage d’autonomie et d’autorité. Ils sont donc plus à même de répondre aux besoins des clients et de résoudre leurs problèmes.
Le transfert de pouvoir, de responsabilité et d’autorité vers les employés du bas de l’échelle porte un nom : l’empowerment ou la responsabilisation des salariés.
Grâce à l’empowerment , la prise de décision est désormais entre les mains des employés les mieux placés pour décider par opposition aux cadres tout puissant et leur besoin de tout contrôler au lieu d’encourager à l’initiative.
L’empowerment comporte de nombreux avantages. Non seulement les clients sont plus satisfaits mais, en déléguant davantage de responsabilités et d’autorité, les managers peuvent se consacrer à des tâches qu’ils sont les seuls à pouvoir accomplir, comme le coaching, le marketing ou la planification à long terme.
Par conséquent, la société est plus efficace et plus productive.
L’empowerment peut devenir ainsi la clé du succès, comme en témoignent des sociétés américaines :
- Techmetals dans l’Ohio (participation à la conception, planification et livraison)
- Un restaurant routier de Pennsylvanie (préparation du budget et planification)
L’empowerment est également très bon pour le moral des troupes. Les managers prouvent à leurs employés qu’ils ont suffisamment confiance en eux pour les laisser prendre des décisions importantes pour le succès de la société.
D’ailleurs, la pierre angulaire de nombreux programmes japonais est l’empowerment : la possibilité pour les employés de prendre eux mêmes des décisions concernant leur processus de travail.
Avantages empowerment
Les équipes offrent de nombreux avantages aux sociétés qui les emploient. Par exemple, un processus de décision plus efficace et plus rapide ou un meilleur développement des compétences.
Ceux qui travaillent sur le terrain connaissent mieux les besoins et les problèmes liés à leur position. Ils sont donc plus à même de prendre les bonnes décisions.
De plus, les membres des équipes étant plus proches les uns des autres, le délai entre l’identification du problème et sa résolution, dû au processus de communication et à la nécessité d’obtenir une approbation, est considérablement réduit. Les décisions sont donc prises plus rapidement.
Les petites unités, comme les équipes, sont plus compétitives.
Les équipes ont un fort potentiel d’innovation. Lorsque des compétences individuelles sont intégrées dans un groupe, la capacité collective à innover est plus importante que celle de chaque membre.
Avec le temps, au fur et à mesure qu’ils travaillent sur différents problèmes, les membres de l’équipe se rendent compte de leurs aptitudes individuelles. Ils apprennent à s’entraider, à identifier les points forts des uns et des autres, et à profiter de l’expérience de chacun. En outre, les équipes s’adaptent plus facilement à un environnement extérieur en constante évolution. Leur taille réduite et leur flexibilité leur donnent un avantage certain sur les sociétés organisées selon la structure traditionnelle. Le temps est devenu une unité de mesure plus importante que n’importe quel indice financier.
Classification des équipes
Il en existe 3 types ou genres :
-Équipes formelles : création par direction de groupes de travail, comité, équipe hiérarchique
-Équipes informelles: association fortuite (sports, pause-café..)
-Équipes autonomes : création par société puis indépendante.
Le pilier commun : l’information
Le succès de l’entreprise repose de plus en plus sur une exploitation efficace de la technologie de l’information.
Dans une société composée d’équipes, l’information n’est pas filtrée par la hiérarchie. Elle va tout droit à ceux qui en ont besoin, car ceux-ci ont appris à l’exploiter, qu’il s’agisse de vendeurs ou de machinistes. Grâce à cette libre circulation de l’information, l’entreprise à structure horizontale est non seulement possible mais inévitable.
La technologie de l’information a permis la création de systèmes qui favorisent le travail en équipe, comme le courrier électronique et la vidéoconférence. Certains logiciels vont également dans ce sens. Groupware, par exemple, est un ensemble de programmes informatiques conçus pour assister la collaboration et le travail de groupe.
L’empowerment : une utopie ?
Si l’on peut admettre que l’empowerment peut être une clé du succès, il est encore rarement pratiqué. On en parle beaucoup mais peu de managers l’appliquent à la lettre.
Si elles étaient véritablement investies de pouvoir, les équipes devraient avoir la possibilité de :
- Prendre la plupart des décisions dont dépend leur succès
- Choisir leur propre leader
- Accueillir ou renvoyer des membres
- Fixer leurs propres objectifs
- Définir et assurer leur propre formation
- Être récompensées en tant qu’équipes
Or cet idéal est rarement atteint car le fonctionnement des équipes reste toujours à améliorer.
De plus, les participants ne sont pas pleinement satisfaits dans de nombreux domaines, comme la confiance au sein de l’équipe, l’efficacité de l’équipe et le rôle de chaque membre.
Recommandations :
- Donner un vrai pouvoir de décision : décision long terme, choix du leader, choix de ses objectifs, égalité des influences…
- Éviter les sources de conflits : personnalités, esprit de clan, rejet des cadres moyens, stress…
- Supprimer tous les obstacles: pression, formation, pouvoir de sanction…
Cette pratique demande un véritable investissement de la part des managers. Ceux-ci doivent faire des efforts concertés et constants pour s’assurer que le transfert d’autorité et d’autonomie est bien effectif.
Une application : l’empowerment en santé communautaire
L’empowerment va représenter précisément la capacité pour des personnes marginalisées par exemple de prendre leurs affaires en main et faire avancer leur cause. De là naît un sentiment de contrôle sur sa vie qui éloigne du vécu d’impuissance. Mais il s’agit d’un sentiment qui dépasse la simple satisfaction individuelle ou l’estime de soi (valeurs rattachées au concept d’empowerment utilisé en management) car il débouche sur la notion de responsabilité et de justice sociale.
L’empowerment est un meilleur indicateur de bien-être car il tient compte des perceptions subjectives de l’individu mais aussi de la réalité de contrôle qu ‘il exerce sur le contenu des services qui lui sont offerts.
Lord et Hutchinson pensent que la notion d’empowerment s’appuie sur 4 postulats:
- Les individus comprennent leurs propres besoins mieux que quiconque
- Chacun possède des atouts sur lesquels bâtir
- L’empowerment est l’affaire d’une vie
- L’expérience personnelle et le savoir sont valides et utiles pour exercer son pouvoir et améliorer ses conditions de vie
Il est essentiel en effet pour les professionnels de ne pas seulement tolérer les opinions des usagers mais surtout de les respecter.
Un autre aspect essentiel de cette notion est celui du pouvoir, lequel ne doit pas être donné (à un individu ou communauté) mais les conditions réunies pour qu’il(s) le prenne(nt). Cette notion part du principe d’un partage de pouvoir des professionnels.
L’empowerment a surtout une dimension dynamique, c’est un processus.
Exemple d’un programme américain
Il s’adresse à des femmes enceintes sans domiciles fixes à San Francisco. Ce programme se base sur la supposition que pour des femmes vivant de façon marginal, coupées de la société, le fait de pouvoir donner naissance à un bébé en bonne santé et ensuite de s’en occuper comme une bonne mère représente un processus d' »empowerment ». Un support est ainsi prodigué à ces femmes avec des services accueillants, des séances d’éducation et surtout d’intervention de travailleuses qui sont des femmes ayant déjà vécu des problèmes similaires. Il y a là comme précédemment un type d’empowerment individuel à type de soutien social.
Cependant, ce programme va plus loin car certaines femmes qui ont bénéficié de l’aide vont pouvoir la restituer en quelque sorte en devenant des travailleuses pour le projet. Il y a donc clairement un débouché vers une action précise.
On ne peut cependant parler là d’empowerment communautaire par exemple car il n’y a pas véritablement d’organisation de ces femmes en groupement autonome.
L’intervention de non-professionnels dans la prestation de services – comme cela se fait au Québec par exemple – semblent être des voies à explorer.
Conclusion
On perçoit la difficulté qu’il y a à conjuguer la notion d’empowerment, principalement an niveau communautaire et surtout la difficulté qu’il y a pour un service de l’Etat à tenir un tel discours. Le danger d’alourdir le fardeau des citoyens défavorisés existe réellement.
Ainsi, l’empowerment communautaire peut être vécu comme une perspective que l’on encourage et comme une condition à l’acquisition de services. Développer des services a toujours été l’attribution des professionnels de la santé mais il est certain, d’un autre coté, que la main mise des professionnels déresponsabilise les usagers. Il conviendrait donc de trouver un juste équilibre entre les deux approches