La carrière, les clubs successifs, le palmarès outre-Manche témoignent de l’immense talent d’Éric Cantona, retraité du foot à 31 ans. «Voilà le soleil sur le terrain…» C’est, dit-on, de cette façon que l’apprenti footballeur Éric Cantona était accueilli par les supporters du club des Caillois, dont il portait le maillot Il n’était encore qu’un enfant, mais, dès l’âge de 8 ans, l’éducateur Célestin Oliver, ancien international, partenaire de R. Kopa, l’avait remarqué.
Biographie Eric Cantona
Esprit d’aventure ou fascination pour Guy Roux et son organisation familiale et chalereuse? Toujours est-il que au début de l’été 1981, le jeune homme quitte sa Provence et intègre le centre de formation de l’AJ Auxerre. Pensionnaire du foyer des jeunes travailleurs, couvé par Guy Roux, Cantona découvre, non loin ses collines du Morvan, le football professionnel de haut niveau. Il n’a pas encore 15 ans, mais il obtient sa première sélection en équipe de France cadets et inscrit son premier but de Championnat de France de première division, sous les couleurs de l’AJ à Rouen, fin 1985.
La houlette de maître Guy. Le 28 mai 1985, à 19 ans, ténébreux, solitaire et ambitieux, Cantona, d’un tir fracaçant des 25 mètres, envoie Auxerre en Coupe d’Europe. Éric est en train de devenir Cantona et, dès le début de la saison 1985-1986, Guy Roux en fait un titulaire à la pointe de son attaque. C’est au début d’une errance, dont le dernier voyage aura donc été Manchester United. En 1986, en effet, Cantona, grippé amoureux, n’effectue que des bouts de match avec son club, joue une vingtaine de minutes en Coupe de l’UEFA contre Milan AC, puis rejoint Martigues, où il est prêté durant une saison. Retour à Auxerre dès la fin de saison 1986, avec, cette fois, une place de titulaire au sein de l’attaque bourguignonne : 36 matchs, 13 buts et 8 réalisations l’année suivante. Bientôt, le football français s’offre ainsi le premier plus gros transfert de son histoire : 20 millions de francs dans la cagnotte de Guy Roux et l’ancien minot des Caillols, après avoir longuement hésité à traverser la Manche, va rejoindre la pelouse du Stade-Vélodrome qui l’avait tant fait rêver du temps de Skoblar, Magnusson ou Keita. En signant à Marseille, Éric Cantona réalisait une somptueuse opération financière : payé 2 0000 F par mois sur les bords de l’Yonne, il toucherait désormais 500 000 F (76 000 €) mensuels…
Cantona et l’Angleterre
L’idylle ne durera pas. De 1989 à 1992, sa carrière française — 0L. Marseille, Montpellier, puis de nouveau Marseille, puis enfin Nîmes alterne les bons moments (une Coupe de France avec Montpellier, seul trophée français du futur Eric le Rouge, les retrouvailles avec son copain Paille) et les coups de sang (jet de maillot marseillais au pied de l’entraîneur Gérard Gili en 1989, et jet de ballon sur un arbitre). Exclu, suspendu, Éric Cantona décide de mettre un terme à sa carrière de footballeur professionnel. Un court arrêt, puisque dès le mois de janvier 1992, via Michel Platini et l’avocat Jean-Jacques Bertrand, Éric Cantona met le cap sur Sheffield, puis Leeds United.
C’est le début d’une formidable marche en avant sur les sentiers de la gloire : du simple statut de remplaçant, l’attaquant international devient, au fil des rencontres, le véritable inspirateur de l’équipe entraînée par Howard Wilkinson. Un but de folie contre Chelsea, le 11 avril 1992, et au soir d’un titre de champion d’Angleterre, offert à Leeds United, ces quelques mots pour la légende assénés à un public en pâmoison : «I don’t know why I love you, but I love you »… Qu’importe franchement la simplicité du discours puisque dans ce nord de l’Angleterre, laborieux et froid, le foot est au-dessus de tout, et ses acteurs, adulés comme des princes. C’est l’oeil sombre, le verbe haut, tout autant que ses «ailes de de pigeon» qui n’allaient plus tarder à faire sacrer Cantona roi d’Angleterre…
En fin de saison 1992, la nouvelle coqueluche de Leeds United passe à l’« ennemi » et rejoint Manchester United, le club dirigé par un Écossais obstiné et travailleur : Alex Ferguson. Et le miracle cantonesque continue. Manchester n’avait plus été sacré champion d’Angleterre depuis vingt-six ans ! Éric Cantona contribue largement à réparer cette impolitesse de l’histoire, s’imposant très vite comme le véritable meneur de jeu des Red Devils, totalement à l’aise aux côtés des anciens, Hugues, Sharpe ou Steve Bruce.
Les « perles.» de Canto. En 1995, Éric Cantona est suspendu sept mois pour avoir agressé un spectateur qui l’insultait au cours d’un match. Le public anglais n’en voudra pas au fantasque « Frenchie » et la cantomania continuera de submerger la Grande-Bretagne. On se repaît de ses aphorismes obscurs (« Les mouettes suivent les chalutiers en espérant qu’on leur jette des sardines », mai 1993) et on s’amuse de ses nombreuses prestations dans des films publicitaires. Un jeune peintre consacrera même une toile géante à son idole paradoxale. En 2001, il sera élu par ses fans de Manchester joueur du siècle.
Cantona ou la vie de l’artiste
Vers une autre vie. En 1996, Cantona quitte Manchester United, et déclare qu’il cesse définitivement sa carrière professionnelle. Il s’installe à Barcelone, préférant désormais les sables chauds du beach soccer et les plateaux de cinéma au rectangle vert qu’il â si souvent transformé en lieu magique. Son charisme reste intact aujourd’hui, puisqu’il mena même l’équipe de France de beach soccer au titre mondial en 2005.