Le psychanalyste projette dans ses réflexions et conclusions ce qu’il croit être les motivations profondes et obscures des comportements humains. En tout cas, il est indiscutable que le cinéma a changé la culture, en créant un nouveau divertissement.
La psychanalyse a changé le regard de l’homme sur l’humain, en révélant quelques réalités« psychiques », mais aussi en créant un nouveau snobisme. Le cinéma et la psychanalyse sont deux explorations profondes de l’humanité. Ils sont aussi des exemples d’une certaine superficialité de la pensée commune.
Histoire de la psychanalyse
L’histoire de l’invention et du développement de la psychanalyse navigue entre le sublime et le sordide, entre la plus authentique réflexion philosophique et le plus vulgaire appât du gain, entre le génie et l’escroquerie, entre l’esprit scientifique et l’esprit sectaire, entre le songe et le mensonge, et un personnage fut au coeur de cette extraordinaire aventure, Sigmund Freud (1856-1939).
C’est un juif viennois. Le 31 mars 1881, il est proclamé docteur en médecine de l’Université de Vienne. Cet homme de vingt-cinq
ans a déjà, au cours de ses études, consacré beaucoup de temps à la recherche biologique. Sa culture scientifique est remarquable. Sa culture non-scientifique ne l’est pas moins, il a lu les philosophes et connaît les grandes œuvres littéraires.
En 1882, peut-être parce qu’il envisage de se marier, ce qui implique une situation financière pas trop précaire, il entame son métier de médecin, tout en regrettant les plaisirs profonds de la recherche intellectuelle. Il se demande, avec un certain cynisme, comment il pourrait développer sa pratique médicale le plus lucrativement possible. Il faut trouver des malades à la fois riches et dont les soucis de santé ne sont pas trop graves, et qui ne sont pas pris en charge par les autres médecins. Il remarque qu’il y a de nombreux névrosés parmi les riches bourgeois de Vienne, et il a trouvé sa voie. Il deviendra psychiatre. Reste à se distinguer des autres…
Psychanalyse Freud
En octobre 1885, Sigmund Freud arrive à Paris, pour se perfectionner en psychiatrie, car c’est à Paris qu’officie le psychiatre le plus célèbre de l’époque, le professeur Jean Martin Charcot (1825-1893). Celui-ci venait, en 1882, de publier un ouvrage
Sur les divers états nerveux déterminés par l’hypnotisation chez les hystériques. Le 21 octobre, Sigmund Freud rencontre Charcot, à la Salpêtrière.
Après son séjour d’études à Paris, Freud rentre à Vienne, et il est en possession de ses moyens pour trouver sa voie. Il est médecin, avec une solide formation biologique. Il a appris l’essentiel de la psychiatrie, pratique et théorique. Il s’est initié aux idées de Charcot, notamment sur l’hystérie et sur l’hypnotisme. Il a lu les ouvrages du philosophe allemand Eduard von Hartmann (1842-1806). Celui-ci avait publié deux livres importants.
En 1869: Philosophie des Unbewussten. Le terme Unbewusste (inconscient) est un néologisme proposé par von Hartmann pour indiquer la vie mentale dont l’homme n’a pas conscience.
En 1872: Gesammelte philosophische Abhandlangen zur Philosophie des Unbewussten, soit, à peu près : « Considérations philosophiques concernant la philosophie de l’inconscient ».
Freud comprend alors que les activités mentales conscientes sont déterminées en grande partie par des pulsions inconscientes. En 1895, il comprend que les rêves sont des productions de cet inconscient, et il met au point une interprétation des rêves. Il se rend compte que les pulsions sexuelles jouent un rôle souvent très important dans ces productions oniriques, et il commence à élaborer une théorie des névroses. Sa clientèle lui est fidèle. Il soulage ses malades par la catharsis qui se produit quand le patient se rend compte que ses symptômes (angoisse, obsessions…) ont pour origine l’un ou l’autre événement traumatisant de la petite enfance.
En mars 1896, Freud a trouvé le nom de sa méthode et de sa théorie : psychanalyse — Psycho-analysis en allemand. Sigmund Freud sera l’analyste des âmes. En tout cas, son cabinet ne désemplit pas, et le père de la psychanalyse est prospère. Son plan de carrière était bon. Il fallait trouver quelque chose de neuf.
Psychanalyse rêves
En 1899, il publie un gros livre, Die Traumdeutung (« L’interprétation des rêves »).
Je ne vais pas raconter toute la vie, prodigieuse à bien des égards, du psychiatre viennois. En 1908, il crée la Société Psychanalytique de Vienne. Il écrit beaucoup. Ce qui reste son chef-d’oeuvre, à mon avis, paraît en 1913: Totem und Tabu. Einige ribereinstimmungen im Seelenleben der Wilden und der Neurotiker, qui sera traduit en français en 1951 : «Totem et tabou. Interprétation par la psychanalyse de la vie sociale des peuples primitifs » (Payot, Paris).
Sigmund Freud fut un génie, indiscutablement, et la psychanalyse est une vaste construction intellectuelle qui est à mettre au rang des plus belles tentatives de comprendre l’esprit humain. L’inconscient existe. Freud et von Hartmann l’ont rencontré. Que les rêves soient dus à des préoccupations inconscientes, et que celles-ci soient souvent d’ordre sexuel, cela semble indiscutable. Que l’on puisse soulager des névrosés par l’interrogation, par la stimulation du souvenir, par la prise de conscience que des événements de l’enfance agissent parfois encore des dizaines d’années plus tard chez l’adulte, créant de l’angoisse ou de la peur, tout cela semble un acquis important de la psychanalyse.
Mais Freud est allé trop loin. Il a falsifié certaines de ses observations. Il a créé une association qui ressemblait plus à une secte qu’à une confrérie de savants. Il fut un parfait manipulateur de ses collaborateurs. Il a développé des théories hasardeuses, d’autant plus impressionnantes qu’elles sont invérifiables.
Aujourd’hui, il n’y a plus que les psychanalystes pour croire à la psychanalyse. Et je souligne le mot « croire », car l’adhésion au freudisme ou à l’un de ses dérivés est bien de l’ordre de la foi —puisque la démonstration expérimentale est impossible.
La psychanalyse ne fait plus partie, aujourd’hui, de la psychologie scientifique. Mais qui le sait ?